4.1.16

Les coins des bobos


Bobo, boss, enfants de boss, muna bobo… Voilà beaucoup d’expressions que j’ai souvent entendues quand j’étais plus jeune. Plus tard, en allant au lycée français (où la scolarité coûte… Cherchez seulement), j’ai aussi entendu ça et ça me faisait rire parce que clairement à partir du moment où on est inscrit là c’est que nos parents à tous ont « un peu » non ?

Je ne sais plus comment je réagissais quand j’étais beaucoup plus jeune, mais en grandissant, j’apportais une précision. Je n’étais et ne suis ni boss, ni bobo dans la mesure où je ne gagnais pas d’argent. Par contre je voulais bien entendre qu’on me dise que j’étais enfant de boss. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours vécu dans des conditions plus que décentes, ma mère a par la suite construit une belle maison, j’ai eu l’opportunité de pouvoir étudier à l’étranger, et je me rends compte que je ne lui serais jamais assez reconnaissante pour tous les francs CFA qu’elle a dépensés pour mon éducation.

La vie est simple, il faut savoir reconnaître et assumer sa condition.
Maintenant je souris. Parce que je connais quelqu’un, qui durant son enfance traversait tout Douala, et fréquentait dans un quartier (et une école) dite « de bobo » (quid du prix du carburant au litre), qui a par la suite, fait le même établissement privé catholique que moi, pour ensuite, intégrer une des (si ce n’est la meilleure) meilleures formations que la capitale Yaoundé puisse proposer et terminer sa très enviable formation de ce côté de l’Atlantique. Et ce quelqu’un, avec toute la maturité que son âge est supposé lui conférer a quand même réussi à me dire, il y a quelques heures : « j’évite les coins de bobos ».

Alors à ce stade, j’ai une seule question, et elle est simple : qu’appelle-t-on « coin de bobos » à Douala ?

Comment sait-on qu’un endroit est « bobotique » (tant qu’on y est) ou pas ? C’est aux prix présents sur la carte ? C’est au montant qu’on y dépense ? C’est à l’allure des personnes qui y vont ? C’est selon la carte d’identité du propriétaire ? Je veux savoir : qu’appelle-t-on « coin de bobos » ? Vous me diriez que c’est simple et que je peux juste aller poser la question à la personne concernée, mais l’énervement causé par cette réflexion ne me permet pas une telle démarche. Mais réfléchissons ensemble, si vous le voulez bien (je souris encore parce que peut-être quelque part quelqu’un se dit « hum, elle écrit même comme une bobo. »)

Est-ce que laissez un billet de dix mille francs au Café de France en fait-il un endroit de bobo ? Dans ce cas peut-on aussi dire laisser un billet de dix mille au soyaman ou à la poulet-woman fait de son commerce également un endroit de bobo non ? Boire un milkshake à trois mille francs au Glacier moderne (où toutes les couches sociales se retrouvent en décembre ceci dit en passant) fait de cet endroit un « coin de bobo », mais déposer des bouteilles sur une table à la canne à sucre n’en fait pas un « coin de bobo » ?

En fait, cette phrase « j’évite les coins de bobo », c’est le sommet de la condescendance et c’est aussi s’auto-laver le cerveau (hypocrisie +++). Je suppose que quand cette personne voudra célébrer quoique ce soit avec ses enfants hors de chez lui il les emmènera dans un bon tournedos.

En tout cas, j'ai fini.

HD

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