25.6.16

I can't believe ou 22 ans et heureuse

I can't believe all what he has done in my life.

Je suis actuellement entrain de pleurer. Des larmes de joie. Parce que je m'asseois, et je remercie Dieu pour toutes les secondes de ma vie.

Enfant et insouciante

J'ai eu une des plus belles enfances dont on puisse rêver. Je n'ai malheureusement pas connu celle dont tout le monde parle et dont je porte le prénom. Je n'ai heureusement pas connu le mariage de mes parents, du moins je n'en ai aucun souvenir. Et pourtant je sais que je suis née et ai grandi quelques 3-4 années à Bonapriso, le quartier de Douala qui me rend le plus nostalgique.

Je sais que vivre dans cet appartement à Bonanjo rimait avec jouer à Asterix & Obelix ou Rayman (en allemand ?!) sur Windows 95/98 avec ma grande-soeur. Ça rime avec les pizza avec œuf ou ananas de celui qui allait être le père de ma soeur. Ça rime avec le lit à étage que mon grand-frère autiste (on ne connaissait pas encore le mot) et moi nous partagions. Ça rime avec ce matin où maman a fini avec ma soeur, cette dernière l'ayant poussée à dormir dehors (clé laissée sur la serrure). Franchement, quelle idée de faire ça à une femme enceinte Anna ??? Ça rime avec avoir un chien, et apprécier la vie sur le toit de l'immeuble Bull. Et puis Bonanjo, c'est bien évidement l'arrivée de notre ange à tous, ma petite soeur.

Et puis il y a eu Bonamoussadi et le quartier Denver que je peux appeler HOME. This is home. J'écrirai peut-être un livre intitulé Denver un jour, qui sait ? J'aurai des ventes aux States à cause du nom lol. Et je demanderai à Elyon's de faire la couverture vous voyez comment ? Enfin...  J'ai eu une belle enfance jusque là. Ma petite soeur a grandi, j'ai eu un petit frère (plus grand que ma petite soeur, c'est long), mon chien a grandi, ma maison a grandi, tout le monde a grandi lol. Je suis allée à la Roche, j'ai eu des instituteurs magnifiques qui m'ont permis d'être la collégienne que je devais être après. 

Et pourtant, je ne sais pas exactement quand ça s'est passé, mais j'ai commence à réfléchir, beaucoup. Et si Makondo, même si son nom voulait dire plantain en bassa, devenait mon gars ? Et si j'allais plutôt avec le fils de Papillon (chanteur) ? C'était aussi bien non ? Et si Jessica et Ingrid restaient/devenaient mes meilleures amies pour la vie ?

La réflexion a repris de plus belle au collège. A quoi pensait Kedi quand elle écrivait tous ces poèmes ? Est-ce que Kedi avait aimé Libermann comme moi j'aimais Libermann ? Est-ce que, comme le sous-entendait mes professeurs, j'étais vouée à demeurer moins intelligente que ma soeur ? (la réponse est malheureusement oui) Est-ce que ma mère allait se remarier ? Est-ce que mon père allait se remarier ? Est-ce que mes parents avaient été obligés de divorcer ? Pourquoi mon frère était autiste ? Pourquoi la grande était loin ? Pourquoi la petite était triste ? Pourquoi le petit mentait et volait ? Pourquoi je me sentais mal ? Pourquoi m'étais-je laissée draguer par la mélancolie ?

Des questions je m'en suis posée un milliard. Des réponses ? J'en ai eu quelques unes.

14 ans et blasée

Comme peuvent le laisser deviner les questions précédentes, à 14 ans j'étais blasée. Les filles commençaient à faire les choses bizarres avec les gars. Et déjà je ne me sentais pas à ma place. Déjà je sentais que l'argent de ma mère et de mon père, n'allait pas que me servir. Déjà je sentais que je donnais beaucoup plus que je ne recevais. Déjà je sentais que mes amies étaient toutes beaucoup plus futées, belles et intéressantes que moi. Ça ne m'empêchait pas de les aimer énormément. Ça me faisait juste m'aimer un peu moins. Le fait d'avoir des amies demandant à ma soeur de me ramener des habits fashion n'aidait pas énormément. J'avais beau être inscrite dans le lycée le plus cher de la ville (du pays ?), j'avais beau être devenue pas trop bête, j'avais beau m'entendre avec tout le monde, je n'étais toujours pas assez, assez, assez je ne sais même pas quoi.

16 ans et rebelle

Alors oui, ce que ma soeur aimait répéter à partir d'un moment, et qui m'irritait encore plus c'est "la puberté te dérange". Parce que ma soeur autre fois loin de moi, ne pouvait pas être plus proche. Parce qu'au fond j'étais là, mais en apparence, je devais aussi ouvir la bouche, et ne plus aller là où on voulait que j'aille. Parce que ce n'est pas grave de passer son bac avec un vulgaire 10 de moyenne. Parce que ce n'est pas grave de se prendre la tête avec ses parents d'accueil. Parce que ce n'est pas grave d'harceler quelqu'un (manie jamais perdue ô lord). Parce qu'être têtue et se prendre le mur (ou pas), c'est tout aussi bien. Parce que la France ce n'est pas le Cameroun, parce que la France c'est ailleurs, et parce que les mots "famille" et "amis" ont tout de suite pris un sens particulièrement nouveau.

18 ans et grande madame

Parce que le bonheur, même à des milliers de kilomètres de chez soi, ça existait. Parce qu'oui on pouvait rêver, et dessiner sa robe de mariée. Parce que le miel dans les oreilles commençait à faire effet, et parce qu'à 18 ans on avait le droit. Et pourtant qui dit miel dit sucre et qui dit sucre dit fourmis magnan (fourmis rouge, bref fourmis dangereusement dangereuses). Et parce qu'à ce moment là tu lèves les yeux et dit au Seigneur "merde, tu n'avais pas blagué avec le livre de la vie hein. Donc non seulement je me réoriente et en plus l'autre-ci ? A mon âge ? Wanda shall never end". Parce qu'on peut essayer de faire les choses bien, ça ne garantit pas que tout ira bien. Grande madame a déposé le tablier et les talons JustFab à l'approche de la vingtaine.

20 ans et rêveuse

Rêveuse donc, parce que l'école reprenait un vrai sens. Parce que l'école de commerce était à portée de main. Parce que le bout du tunnel était visible. Parce que j'aimais rentrer au Cameroun et faire cette comptabilité. Parce que j'aimais rentrer au Cameroun chaque année avec la conviction que ma place est là et nulle part ailleurs. Parce que j'avais la conviction que ma formation allait m'aider à devenir celle que je devais être, même si je ne savais pas exactement qui je voulais être. Parce que le bonheur pouvait être ailleurs qu'au Mans ou qu'à Tours (même si ces villes sont particulièrement charmantes, God!!!!).

22 ans et heureuse

Parce que j'ai mûri, et parce que comme avant, ils sont tous persuadés que je suis aveugle ou malvoyante. Sauf que j'ai appris à ne pas leur en tenir rigueur. Je vois exactement ce qu'ils voient, mais plus encore. Parce qu'en toute chose je cherche positif et amour. Parce que dans toutes les relations que je crée, sur lesquels je travaille, je verse tous les matins autant d'amour que je peux. Parce que je suis parfaitement imparfaite et tellement bénie que les gens m'acceptent exactement comme je suis et pas autrement. Alors pour ça, oui, chacun aura toujours le bénéfice du doute. Parce qu'aujourd'hui que certaines personnes ne sont plus dans ma vie, ou en périphérie, je me rends compte à quel point je les aimais, à quel point c'était bien de les avoir, et en quoi Dieu est bon de les avoir guidées jusqu'à moi.

Parce que je ne suis plus dans le lycée le plus cher du pays et que j'ai fait la fac. Parce que mon petit frère n'aura sûrement plus de casier judiciaire vierge mais qu'on a essayé. Parce que mon ange perd des plumes mais que j'ai la foi. Parce qu'on est très loin du fils de Papillon mais que si un gars n'aime pas la musique et le Cameroun comme je l'aime, ça ne peut pas aller. Parce que les combats de ma soeur et de ma mère ne sont pas les miens, et que je ne peux pas les porter. Parce que je suis devenue égoïste, et qu'il le fallait. Parce que je suis devenue intéressée, et il le fallait aussi.

Mais parce que la petite-fille d'infirmière et de pasteur qui sommeille en moi n'est jamais bien loin. Parce que les gens j'ai Université Paris-Dauphine sur mon CV. Parce que les gens j'ai Société Générale sur mon CV. Parce que je suis étudiante, gagne plus qu'il n'en faut, et que ma mère ne subvient plus à mes besoins. Parce que je vis enfin seule et que ça ne pouvait arriver que maintenant. Parce que le 92 is bae, que Nantes est mon chez moi d'ici, mais que Denver on my mind, EVERY DAY.

Parce que j'ai 22 ans et que je sais que la littérature et la musique seront à JAMAIS mes amours. Parce que je sais que Dieu ne m'abandonnera JAMAIS. Parce que je sais que je ne trouverai JAMAIS quelqu'un comme Kedi Siade Anne Christelle ou comme MMB.

Parce que le futur j'ai tout le blog pour en parler. Et parce que je vais aller utiliser ce micro-ondes*.


PS : Parce que je suis heureuse
PS 2 : Parce que peut-être que ma nièce (que la grande a donné) sera meilleure écrivain que moi, et que ça me déprime d'avance


*message subliminal