30.5.17

C'est devenu indolore

J'en ai entendu , de mes propres oreilles, des histoires dans ma vie. Mais ce que je peux lire sur les réseaux sociaux dépassent très, trop souvent l'entendement. Jusqu'à ce que ça frappe à côté, que ça nous frappe et qu'on se rende compte que l'homme est un être trop perfectible. Avec leurs qualités et leurs défauts, nos proches nous font voir de toutes les couleurs, des fois même l'impensable et pourtant le chemin est là, il attend qu'on avance.

Tout le monde n'avance pas. Ceux qui avancent n'appliquent pas la même stratégie. Certains se déchargent complètement, pour peut-être reprendre du poids après. Certains avancent toujours aussi chargés, il veulent faire le chemin avec tous ces poids. Et parmi ceux qui avancent il y a la troisième catégorie: ceux qui se déchargent complètement, et évitent tous les poids en route. Ils ne s'encombrent de rien et regardent tout droit devant.

Quand l'impensable arrive à ces gens extrêmement vrais (vous les repérez facilement), ils freinent à peine pour accuser le coup. Ils continuent d'avancer, les yeux toujours loin devant, parce que c'est devenu indolore. Ils ressentent peu. Les choses qui les auraient brisées avant ? Ils marchent dessus. Alors ce n'est jamais agréable de marcher sur des débris de verre mais c'est la vie qu'ils ont choisie. Ça prend trop de temps de ramasser les débris, et à quoi bon ? Ce qui est cassé est cassé.

Quand l'impensable arrive, on regarde autour de soi, dans la deuxième rangée, on regarde ces visages, et on comprend. On comprend tout : c'était devenu indolore. On comprend leurs années perdues, leur amour perdu, leurs sacrifices vains et leur tranquillité qui n'aura jamais existé. Ensuite on regarde au premier rang, Les acteurs. Les proches. Du moins ce qu'on pensait être des proches. On les regarde et rien. Rien. Aucun cri. Aucune rage. Aucune déception. Et pire ? Aucun regret. On les regarde juste pour ce qu'on espère être la dernière fois. Pour finir, on regarde aux angles, les Olivia Pope de nos vies, qui ont dit qu'on ne pouvait pas, qui ont dit qu'on pouvait toucher le ciel, qui ont dit ce qu'on ne voulait pas entendre, mais qui l'ont dit, et sont toujours là, aux angles, sereins, parachutes invisibles.

Beaucoup de gens de mon sang sont ces Olivia Pope. Parce qu'ils m'ont vu à Sciences Po Paris ou me voyaient difficilement en finance. Tels des snipers ils ont toujours, toujours visé juste, ce sont des gens qui ont dix-sept vies déjà. Les snipers sont des anciens amis aussi. Et c'est aussi mieux. Beaucoup de mes inspirations, de personnes qui m'ont soulevée (dans tous les sens du terme) sont au deuxième rang...

Parce que j'ai amèrement découvert que c'était devenu indolore. Que la pire chose qui puisse arriver dans ces relations, ce n'est pas grave. On prend, on intègre pour grandir, et on move to the next one.

On ne choisit pas toujours d'être le genre de personnes qu'on devient. Les expériences, ce qu'elles nous ont fait ressentir donnent la forme à la personne qu'on est. On est l'addition de notre passé. Alors non on ne saurait nous comparer à ce qu'on a été. On ne saurait nous juger par rapport à ce qu'on voulait être, au genre de messages qu'on transmettait avant. Les gens changent.



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